Aujourd'hui, on va s'attaquer à du très lourd, puisque ce n'est autre que Chrono Trigger que je vais tester pour vous. Un monument, que dis-je, un monstre du J-RPG, vestige de l'époque où il était à son apogée. Le genre de petit bijou qui, si vous avez la chance de posséder la cartouche, se doit de figurer sur une belle étagère, à côté de Secret of Mana, Ocarina of Time et autres jeux de légende. Parce que oui, je parle de chance car le jeu n'est pas sorti en Europe avant 2009 sur DS, et encore, seulement en version dématérialisée, les chiens ! A moins de faire importer une Super NES US (ou Jap, mais bon, je doute fort qu'à même pas 10 ans, l'un de nous ait compris quoi que ce soit au japonnais) et le jeu, on avait très peu de chance de pouvoir le connaître à l'époque. Nous autres, pauvres Européens, avons toujours été maudits concernant les portages de jeux japonnais. J'imagine que du coup, on doit être un certain nombre à ne pas avoir connu le titre pendant son heure de gloire.
Qu'à cela ne tienne ! Accroches-toi Marty! On repart en 1995 pour (re)découvrir cette fantastique épopée labellisée Square Soft .
[Si ce test vous intéresse, vous pouvez faire un tour sur : https://www.jv2main.fr/test-retro-chrono-trigger/ Vous retrouverez ce même test accommodé d'images et puis ça vous permettra de découvrir notre site par la même occasion.]
Scénario, quêtes et univers : 18/20
L'un des nombreux points forts de la bête, c'est son histoire. Je dirai même : ses histoires ! Parce que, pour ceux qui débarquent, le scénario a pour thématique le voyage dans le temps. Posez vous donc cinq minutes et laissez moi vous raconter. On incarne Crono, un jeune garçon aux allures de Sayan, qui se réveille un beau matin et se rend à la « fête du bourg » pour découvrir la nouvelle invention de son amie Lucca. Sur le chemin, on fera bien vite la connaissance de Marle, qui, bien qu'on en sache peu sur elle, nous accompagnera. Suite à un concours de circonstance, la machine de Lucca se met à déconner sérieusement et créer un portail temporel, aspirant Marle vers l'inconnu.
Maintenant on fait péter le thème principal (qui claque sa mère !) et c'est parti pour l'aventure !
Nous décidons donc de partir à sa rescousse et passer par ce mystérieux portail ! On atterrit finalement au moyen-âge et on découvre que c'est un peu le foutoir. C'est la guerre, la reine a disparu, tout ça, tout ça... On rencontre quelques personnages, dont certains se joindront à notre petite équipe, notamment Frog, qui, comme son nom l'indique, est une grenouille. Bref, un ou deux donjons et quelques boss(s) plus tard, on règle plus ou moins la situation . Plutôt moins que plus car il reste encore un peu de bordel monarchique dans l'air. Ainsi, amené à prendre la fuite, nous n'avons d'autres solutions que de prendre un autre portail pour espérer échapper à notre agresseur. Et là, pour mieux vous faire comprendre l'essence du jeu et la richesse du scénario, je suis obligé de spoilé un minimum, même si certain considéreront que ce n'est pas vraiment du spoil.
Le portail nous amène dans le futur ! En l'an 2300 ! On y découvre un paysage dévasté et stérile où le peu d'humains restant crève la dalle et tente tant bien que mal de survivre dans les décombres de la civilisation. Bien vite, on apprend qu'un cataclysme a ravagé la terre. Notre mission sera donc de voyager dans le temps et modifier le cours des événements pour empêcher la catastrophe.
On va donc être amené à voyager à travers 6 époques différentes : préhistoire, antiquité, moyen-âge, présent, jour du cataclysme et futur apocalyptique. Vous l'avez compris, il va y avoir plein de trucs à faire qu'il s'agisse de la trame principale ou des nombreuses quêtes annexes. En plus de ça, nos actions et nos choix ne seront pas sans conséquences sur le scénario, bien au contraire ! Mais ça, nous y reviendrons plus tard .
Graphisme, technique et artistique : 17/20
Graphiquement, ça claque ! Non seulement parce que la SNES entame sa fin de vie, et est donc techniquement très bien maîtrisée par les développeurs, mais aussi et surtout parce que Akira Toriyama en personne est en charge du Chara design ! D'où les ressemblances avec les personnages de Dragon Ball. Ainsi, on reconnaîtra à certains personnages les traits de San Goku, Bulma ou encore C-18. Croyez moi, ça fait plaiz' ! Surtout que c'est Hironobu Sakaguchi, père de la série FF, qui pilote, on est donc en droit d'attendre de la qualité, et à juste titre ! La map monde, en plus de donner un sentiment de liberté, est joliment détaillée. Elle en est presque mimi, surtout couplée à l'ambiance sonore. Les environnements dans lesquels on se ballade et on combat sont du même détail et ont leurs ambiances propres, ce qui fait que la direction artistique retranscrit habilement l'esprit de chaque époque.
Bruitage, musique : 17/20
Une fois de plus, on a de la célébrité à la composition. Nobuo Uematsu, qu'on ne présente plus et Yasunori Mitsuda, qui composera par la suite les thèmes de la saga Xeno. Et ces maîtres se sont lâchés pour créer des OST comme on les aimes ! Comme je le disais, chaque époque a son ambiance. On va par exemple avoir de la percussion tribale pour la préhistoire (RYTHME JURASSIQUE!!) ou encore une musique reposante à souhait pour l'antiquité. Chaque personnage a également son thème bien entendu, tout comme la musique s'adapte aux différentes situations. Cela permet non seulement de mieux s'immerger dans le soft mais en plus de mieux ressentir les émotions correspondant à chaque moment de l'histoire. On a de l'épique, du triste, du stressant, bref, y'a du boulot !
Gameplay : 18/20
En termes de gameplay, il y a de l’innovation, et pas qu'un peu ! Les gars de Square Soft avaient déjà montré qu'ils pouvaient faire un gameplay plus réactif, avec Secret of Mana, en rompant avec le tour par tour (d'où le A-RPG). Cette fois ci, on reste sur du tour par tour mais les devs ont su rendre tout ça très dynamique. Déjà, exit les apparitions aléatoires d’ennemis ! Vous pouvez vous promener tranquillement sur la map monde sans rager toute les cinq secondes pour finalement accepter un combat parce que « il faut farmer ! ». Les ennemis n'apparaissent que dans les forêts, grottes et donjons, là où on sait que de toute façon, il va y avoir de la baston. En plus, cela se fait sans qu'il n'y ait d'interruption, vos persos se mettant automatiquement en position de combat. Et je vous assure, cela rend le tout bien plus rythmé que dans la plupart des RPG et enlève cette sensation punitive de devoir combattre.
Le combat, parlons-en justement ! Selon la situation, vous contrôlez un à trois personnages se castagnant contre un ou plusieurs ennemis. Du point de vue de l'interface, on a une petite jauge d'attaque accommodée des commandes de base du RPG : attaque, objet... sauf qu'a la place des magies, nous avons les techniques et combinaisons . Chaque personnage va, en évoluant, apprendre différentes techniques propres à son style. Pour commencer, on va avoir des techniques à l’épée pour Crono et Frog par exemple, ou encore des magies élémentaires pour Lucca et Marle, chacun ayant en général deux compétences spécifiques (ex : attaque + magie éclair, magie glace + heal, magie offensive uniquement...). Et ce n'es pas tout puisque, en plus d'être nombreuses, ces techniques pourront être combinées avec celles des différents persos. Ca commence par un coup d'épée flamboyante et ça finit par des combinaisons surpuissantes de vos trois persos qui utilisent leur magie/attaque en même temps. Je vous laisse imaginer les possibilités !
Côté stuff, rien de bien révolutionnaire par contre. On retrouve un système de loot et d'équipement basique affectant vos stats (attaque, défense, magie …) et vous donnant parfois quelques capacités spéciales (pas d'altération d'état, double attaque..).
Durée de vie, contenu : 19/20
Le thème et les mécanismes du voyage dans le temps, bien que beaucoup utilisés dans le jeu vidéo, sont ici portés à leur paroxysme. Libre à vous de modifier ou non l'histoire et ainsi déclencher une suite d’événements. Vos choix, vos actes et les personnages que vous choisirez de prendre dans votre équipe auront des incidences directes sur l'issue du scénario. Et quand je parle d'incidences je veux dire qu'il y a 16 FINS DIFFERENTES !!! C'est tout simplement énorme ! C'est du jamais vu pour l'époque et ça en dit long sur la richesse et le potentiel du jeu ! En plus de pouvoir explorer le monde à plusieurs époques et donc sous plusieurs coutures, nous pouvons décider de la tournure des événements . Déjà que le scénario est bien fournit en rebondissements, on peut carrément choisir quand, comment et avec qui cela va finir. Quand on voit la pauvreté scénaristique de certains jeux d'aujourd'hui ou encore cette volonté de faire des scénarios inutilement abracadabrantesques, compliqués et chiants pour faire genre « t'as vu comment on innove tellement on est créatif ! » (quelqu'un a parlé d'Assassin's Creed?), on regrette que plus de moyens ne soient alloués aux scénaristes plutôt qu'au département Marketing des jeux récents. Que voulez vous, c'est pas parce qu'on a du pognon qu'on a des idées !
Vous pouvez compter une bonne vingtaine d'heures pour venir une première fois à bout de la trame principale. Enfin je dis ça, c'est pour pouvoir débloquer le mode new game + et connaître les différentes possibilités de scénar. Parce que sinon, vous pouvez aussi faire le porc et rusher pour finir le jeu bien plus tôt dans la chronologie de l'aventure, mais ça demandera de bien connaître le jeu et de farmer un minimum . Mais ce n'est pas le but de la man½uvre. Chrono trigger se découvre en étant finit plusieurs fois. D'autant plus qu'on a ce qu'il faut niveau quêtes annexes. De part mon expérience (Oui, oui!) il m'a fallut environ quinze heures supplémentaires pour venir à bout de la quasi-totalité de celles-ci et ainsi avoir une des fins les plus complètes . Je veux pas dire, mais ça fait presque la moitié du jeux ! On est quand même gâté en termes de contenu.
Niveau difficulté, je n'ai personnellement rien trouvé d'extrêmement dur. Bon, d'accord, j'ai fait le jeu sur émulateur mais j'ai veillé à utiliser le moins de quick save possibles par principe, histoire de faire le jeu comme je l'aurai fait si je l'avais eu à l'époque. De toute façon, les points de sauvegarde sont plutôt bien gérés et vous en trouverez souvent avant les boss. Rassurez-vous, certains de ces boss vous donneront quand même du fil à retordre ! Non pas qu'ils soient trop durs ou même cheatés mais il vous faudra quand même parfois mourir une ou deux fois avant de comprendre la technique pour les vaincre.
Note finale : 89/100
Essayons de ne pas tomber dans la masturbation et prenons un peu de recul sur la chose car il est difficile pour quiconque l'a fait de parler de ce jeu en restant neutre. Que ce soit dans le contexte de sa sortie ou à l'heure actuelle, Chrono Trigger s'impose toujours comme un maître du RPG, un « must have » pour les fans du genre (ou tout du moins un « must play » vu qu'il est difficile de se l'approprier physiquement). Il a toujours de quoi faire pâlir certaines productions récentes et parvient à bluffer sur quasiment tous les points . Son scénario est très riche, à la fois accessible et complexe, sans en faire trop. Il regorge de possibilités et par conséquent garantira un bon petit paquet d'heures de jeu. La direction artistique, que ce soit sur le plan visuel ou sonore, est très immersive, tant du point vue de l'expérience de jeu que de l'émotion. Certaines musiques sont mémorables et resteront gravés dans la tête de ceux qui ont joué au jeu. Quant au gameplay, bien qu'en apparence classique, il se montre dynamique et novateur. Au final, le gameplay et le scénario sont comparables en terme d'évolution et de plaisir de jeu. Ils se montrent tout les deux simples au premier coup d’oeil et, au fur et à mesure que l'on progresse, finissent par nous en boucher sérieusement un coin.